Partie premièreTu es réveillé par la lumière du jour, un rayon de soleil parcourt ton visage à moitié endormi. Tu plisses les yeux avant de te cacher le soleil avec ta main. Tu es dans un lit, nu, le fin drap de soie qui recouvre ton bassin lasse paraître les formes de ton torse. Tu n’es pas excessivement musclé, mais tu as tout de même un corps facilement enviable. Tu te redresses, et jette un coup d’œil au réveil posé sur la table de chevet. 10 a.m. Tu n’es pas chez toi. Tu scrutes la pièce du regard, afin de la détailler. Elle est très lumineuse malgré les volets à moitié fermés. A dominante de blanc, tu as l’impression que les murs sont immenses. Une méridienne d’un style baroque trône près d’une fenêtre et un vase Ming est posé sur une petite table. Tu te trouves dans un lit à baldaquin dont les voiles sont attachés. En respirant profondément, tu sens encore une odeur de cannabis et de tabac froid flotter dans l’air de la chambre. Qui est à côté de toi ? Une petite amie ? La blague. Il s’agit d’une de ces poules de luxes qui te payent pour passer une nuit avec elles. Celle-là s’appelle Margery, c’est la première qui t’as proposé un tel marché. Tu t’en souviens comme si c’était hier.
Tu étais serveur à cette grande réception. Beau, bien coiffé, élégant dans ce costume parfaitement taillé. Tu lui avais tapé dans l’œil. A la fin de la réception, elle t’avait glissé un généreux pour boire dans la poche de ta veste, accompagné d’un petit mot
« Si le cœur vous en dis, passez me voir dans ma chambre, au numéro 308. » tu avais évidemment accepté, voyant une bonne expérience à tirer, sans trop savoir non plus ce qui t’attendait. Puis c’est arrivé. Avec une grosse liasse de billet à la clef. Tu n’as pas pu refuser lorsqu’elle t’a demandé une seconde fois, augmentant toujours un peu la somme. Elle avait compris que tu répondais à l’appel du gain. D’ailleurs, t’as toujours eu peur que le mari se pointe pendant vos parties de jambes en l’air. Mais ce n’est jamais arrivé. Avec aucune d’entre elles.
Tu te frottes le crâne avant de récupérer ton caleçon qui gît par terre et de l’enfiler. Tes affaires sont un peu éparpillées partout dans la chambre. Après avoir fait le tour, il te manque une chaussette. Tu l’aperçois alors aux pieds de Margery qui est encore endormie. Dans l’absolu, tu préférerais qu’elle ne se réveille pas, qu’elle se contente de se tortiller dans son lit et de ne pas se lever. Tu as envie de prendre ton fric et de te casser. C’est arrivé plusieurs fois que tu restes prendre un café avec elles, mais cette fois, tu ressens un besoin urgent de sortir de cet hôtel. Margery est pourtant une très belle femme et dire que tu ne prends pas ton pied avec elle serait mentir, mais… Lorsque tu prends la liasse de billet qui est sur la commode, tu ressens un grand dégoût pour ta personne. Tout ça pour t’acheter ton crack, comme si tu allais mourir sans. Comment as-tu pu tomber si bas ? Qu’est-ce que ton père dirait ? Que tu n’es qu’un petit con irresponsable même pas foutu de trouver un job pour se payer sa coc’. Tu as pourtant essayé d’arrêter quand tes parents ont cessé de te filer du fric après avoir découvert ce que tu en faisais. T’as essayé d’arrêter, c’est vrai que tu as essayé. Mais tu as échoué. Tu n’es qu’un sale con, un drogué qui a besoin d’aide, de la mauvaise graine, du chiendent. Un mutant que tes parents ne comprennent pas. Tu as toujours pensé que c'était en partie à cause de ta différence qu'ils t'ont rejeté. En fait, cette pensée-là te dégoûte. Comment on peut rejeter quelqu'un de sa propre famille pour ce qu'il est ?
Après avoir longuement hésité, le regard plongé dans ces billets verts, tu les mets dans ta poche. Peut-être qu’au fond de toi tu te dis
« cette fois c’était la dernière. », mais tu sais bien que tu ne pourras jamais arrêter ça. Pas temps que ces femmes seront-là, à te présenter leurs corps et à te promettre tout l’or du monde. La seul chose dont tu aies besoin maintenant, c’est de l’aide.
Tu l'entends bouger dans le lit et pour éviter toutes questions ou conversations gênantes, tu te concentres pour ralentir le temps et partir avant qu'elle n'ouvre les yeux. En 3sec chrono, tu as déjà passé le seuil de la porte.
Partie seconde